Un patrimoine exceptionnel qui a traversé les millénaires
En dépit de l’exploitation touristique du site dès le XIXème siècle, les vestiges des peintures préhistoriques de Gargas sont particulièrement bien conservés : certaines peintures ont traversé près de 300 siècles pour parvenir quasi intactes jusqu’à nous. Ceci est dû principalement au contexte environnemental présentant sur de très longues périodes une remarquable stabilité des circulations d’air et d’eau dans la cavité.
La préservation pour les générations futures d’un patrimoine aussi exceptionnel se fait aujourd’hui en tenant compte des impacts physico-chimiques des visites touristiques dans la grotte.
Outre un réaménagement complet du circuit de visite et du système d’éclairage, il existe aujourd’hui un dispositif de suivi en temps réel des taux de CO2, de la température et de l’hygrométrie.

Un patrimoine fragile et préservé
Au début des années 1990, il est apparu évident que l’état sanitaire de la grotte se dégradait : présence de gelées gluantes noires aux plafonds, tâches d’algues vertes sur la calcite ou encore altération des concrétions stalagmitiques. Une importante action fut alors menée par le Service Régional de l’Archéologie de Midi-Pyrénées, en étroite relation avec le Laboratoire souterrain de Moulis, visant à établir un suivi environnemental le plus fin et précis possible : température de l’air et de la roche, pression atmosphérique, humidité et teneur en gaz carbonique de l’air, débit d’infiltration de l’eau, notamment grâce à l’installation de capteurs climatologiques. Les enregistrements réguliers permirent de constater que le climat interne de la grotte était durablement déstabilisé pendant les mois de juillet et août, correspondant à la haute saison de fréquentation touristique. Le dispositif d’éclairage alors en œuvre fut également mis en cause. Ces études environnementales permirent de déterminer les conditions de stabilité climatique de la grotte et d’orienter un nouveau projet d’aménagement.
Des aménagements et une organisation respectueux du site
En 1997, le ministère de la Culture et la commune d'Aventignan décidèrent d'un réaménagement global de la grotte de Gargas. Sa réalisation fut achevée en 2004. Il repose notamment sur l’inversion du sens de la visite, en partant de la Galerie supérieure pour se terminer par la Grande paroi des mains. Ce nouvel aménagement, qui intègre les divers capteurs et instruments nécessaires au suivi environnemental, permet aujourd’hui un contrôle complet et continu des paramètres essentiels de l’équilibre de la grotte et prévient toute déstabilisation. Le protocole des visites, en limitant le nombre de visiteurs par groupe et par jour (250 personnes maximum), contribue à garantir la pérennité du site et la bonne conservation de l'art millénaire qu'il abrite.

Un observatoire unique du changement climatique et un laboratoire pour lutter contre ses effets dans les grottes ornées
Aujourd'hui, Gargas est l'une des cavités étudiées dans le cadre du projet de recherche collaborative DECACLIM [DEcorated CAves under CLIMate changes : Redefining an effective conservation strategy] retenu pour financement dans le cadre de l'Appel à projets générique 2022. Les effets du réchauffement climatique se ressentent jusque dans les grottes préhistoriques ornées, où des dessins rupestres conservés depuis des milliers d'années se voient impactés. La conservation de ces dessins, qui se trouvent à l'interface entre la surface rocheuse, l'atmosphère et un mince film d'eau qui les recouvrent, résulte d'un équilibre fragile, mis à mal par la modification de l'aéraulique de la grotte générée par l'augmentation de la différence de température entre la surface et le fond de la grotte.
L'augmentation de la concentration en CO2 de l'air joue aussi un rôle néfaste et contribue à plus de dépôts solides et de corrosion sur la surface. Dans l'objectif de définir les stratégies de luttes contre ces phénomènes, ce projet coordonné par Géosciences Environnement Toulouse (G.E.T) réunit les compétences de 8 laboratoires : Environnements et Paéoenvironnements Océaniques et Continentaux (E.P.O.C à Bordeaux) - Institut de Physique du Globe de Paris (I.P.G.P) - Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques (L.R.M.H) - GeoRessources à Nancy - Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (L.S.C.E à Gif sur Yvette) - Centre National de la Préhistoire (CPN PACEA à Paris) et le LEMTA (Nancy).
